mardi 17 août 2010

Le mot juste – toujours nécessaire?

Étant dotée d’une intelligence au moins moyenne, sinon plus, je sais que l’idéal, lorsqu’on parle d’une chose, ou que l’on songe à le faire, est d’employer le mot le plus juste possible, celui dont la tâche première est de désigner la chose, ou le concept que nous désirons aborder. Pourtant, il me semble que parfois, la situation exige un peu de… je cherche mes mots, de… contournement. Je ne parle pas ici de protéger quelqu’un, ou encore de l’épargner, mais je parle surtout de rendre la situation moins « coupée au 45 ».

Par exemple (je me doute bien que c’est tout ce que vous attendiez, j’y arrive), s’il arrivait que ma Loutte (voir billet Ma chatte) se plante devant moi, côté queue, et que mon nez capte une odeur désagréable, j’aurais tendance à privilégier la remarque suivante : « Ma Loutte! Tu sens du trou! » plutôt que de dire « Rikku, ton anus empeste ». Avouez que la première option est presque agréable, tandis que la deuxième tend à faire défiler des images du sujet en question dans notre tête, à notre insu.

Restons dans la même zone. Si, par hasard, lorsque mon fils prend son bain, il lui arrivait de s’empoigner l’entrejambe et de tirer autant qu’il le peut (il en profite, c’est le seul moment de la journée où il y a accès, où il n’a pas de couche, à cet âge, c’est encore risqué de le laisser se balader tout nu…), et que j’avais envie de décrire la situation à une tierce personne, disons mon chum, je pencherais davantage vers une formulation du genre : « Ton fils se l’étire ben long… » (où « l’ » désigne le membre en question) que quelque chose d’aussi franc que : « Ton fils se tire sur le pénis de façon exagérée ». Je sais qu’il devra apprendre les vrais termes un jour ou l’autre, mais comme il a à peine un an, ça peut encore attendre un peu. Pour l’instant, il ne dit que « papa », « maman », « tetaime (je t’aime) », « Ba ba (bye bye) », « baon (ballon) », « ssssssssa (chat) » et « bas ». Pénis et anus peuvent encore attendre. J’aime encore mieux qualifier la zone entière de « fesses ».

Dans un autre ordre d’idée, il y a certains mots, qui disent vraiment ce qui en est, et qu’il est socialement inapproprié d’utiliser, fait contre lequel je lutte d’ailleurs personnellement. Je parle ici des euphémismes suivants : décédé, non-voyant, malentendant, personne de petite taille, personne ayant un surplus de poids, enveloppé(e), ronde, grassette, costaud, court. Personnellement, je suis très : mort, aveugle, sourd, nain, obèse, petit, mais ça, c’est moi. Est-ce que le fait de dire décédé pour mort rend le mort moins mort? Non, alors je vais continuer de dire mort. Le mot est presque devenu impoli. C’est comme ceux qui pensent que dire « par » pour « porc » est plus chic que « porc ». Est-ce que, avec les années, le porc (la viande) a cédé son rôle nutritionnel pour devenir la personne malpropre (sale) et/ou à la sexualité débridée (un cochon, souvent vieux) et pour se faire remplacer par le « par » en question? Le point mérite qu’on s’y attarde mais, pas aujourd’hui.

Finalement, les termes que j’ai tendance à adoucir et à contourner évoquent généralement les parties du corps que les vêtements ont pour rôle de cacher ou encore les fonctions que lesdites parties ont pour responsabilité. Cette phrase était douce à souhait. Je l’avais traduite avec les termes appropriés mais après relecture, je trouvais que ça brisait la naïveté de mon billet alors j’ai décidé de vous épargner cela. Vous êtes là pour vous divertir, après tout. Au fond, je suis une poétesse. Et la poétesse a sa journée dans le corps, alors ce sera tout.

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