jeudi 1 mars 2012

Adjectivisation 2000

Avant d’entrer dans le vif du sujet, permettez-moi de vous faire remarquer à quel point mon billet semble inintéressant avec un titre comme celui-là. Il ne le sera peut-être pas (intéressant), puisque les lignes qui suivent tiennent encore à un futur hypothétique, mais avec un « 2000 » dedans, ça détruit toute ambition de le lire.

Je me demande en quelle année les noms d’entreprise avec « 2000 » ont commencé à apparaître. Entendons-nous que ça sonne bas de gamme depuis une belle grosse décennie?

Belle grosse. Pour une tomate, ça va. Pour une tourtière aussi, malgré que c’est plutôt laid, une tourtière, quoique toujours gros. Mais pour qualifier quelqu’un, il est préférable de se rallier à une autre combinaison de qualificatifs, n’est-ce pas?

Parfois, quand je parle de quelqu’un à quelqu’un qui ne connaît physiquement pas le premier quelqu’un de la présente phrase (allô la variété des mots?), je ne sais plus vraiment comment décrire ladite personne. Puisque je souffre d’une maladie difficilement curable, soit un perpétuel désir de cohérence, dans toute situation, si je bannis un qualificatif parce qu’il est péjoratif, je dois faire de même avec tous les autres qui décrivent le même état.

Je suis accro aux détails et très imaginative. Dans mon monde idéal, on pourrait aisément, et sans risquer la peine de mort, décrire quelqu’un en disant que c’est un petit gros, poilu, avec les dents brunes et un look douteux. Ou un vieux dégingandé avec des grands poils sur le nez et une haleine, ainsi qu'une odeur corporelle généralisée à faire vomir. Pourtant, les poils, ils sont vraiment là. Mais ce n’est pas gentil.

Dans un monde où la perception des autres serait complètement neutre et où personne ne serait mal intentionné, je pourrais aisément dire : « C’est la belle blonde grande et mince qui parle avec le petit gros et poilu, là-bas ». Si on tend à penser que la deuxième partie de la phrase est pire que la première, rien n’est plus faux. C’est même mieux. Voilà pourquoi. 3-2 pour le petit gros. Déconstruisons.

La première partie de la phrase, en plus de faire fantasmer bien des hommes, et surement bien des femmes également, décrit la femme en question avec quatre qualificatifs, soit « belle, blonde, grande, mince ». Sur quatre, trois sont subjectifs, un relate un fait. Et encore. Les gens ont le blond plutôt évasif, mais gardons en tête que c’est une couleur. Sinon, belle, grande et mince, c’est une question de perception.

La deuxième partie, quant à elle, fait peu ou pas fantasmer. Pas moi du moins. Premièrement, je n’aime pas les petits, deuxièmement, j’ai de la misère avec les surplus de poids et j’aime bien le poil, mais j’ai mes limites. Quand on peut dire de quelqu’un d’habillé, sans l’avoir vu dévêtu, qu’il est poilu, c’est que c’est trop. Petit, gros et poilu. Deux opinions, un fait. Quoique, les poils sont tellement devenus tabous, ça doit être l’avènement des salons d’esthétique 2000, qu’un simple duvet peut être devenu une grosse toison. Finalement, disons que c’est 3-3.

On ne peut donc pas dire d’une personne qu’elle est grande, parce qu’il serait péjoratif et fort probablement insultant de dire à une autre qu’elle est petite.

Dire d’une femme qu’elle est mince, ça peut sembler gentil, mais qu’en est-il de son opposé? Outre un homme qui s’entraîne pour les championnats d’hommes forts, dire d’une personne qu’elle est grosse, c’est mal.

Beau, belle, moche, ça va de soi. Et c’est tellement subjectif en plus.

Même poilu, c’est devenu un terme à éviter. S’il a longtemps décrit un simple fait, un état, une réalité et même au pire, la virilité d’un homme, c’est maintenant devenu un genre de maladie. Et ça aussi, c’est tellement subjectif.

Propre et sale. Aussi dégueulasse cela puisse-t-il être, on peut dire de quelqu’un qu’il sent bon, mais évitons de lui dire qu’il pue, parce que ça va le blesser, même si vous risquez de mourir d’asphyxie pour éviter de le sentir.

Je vais me résoudre à dire : C’est le gars avec les cheveux, dans le coin là-bas, avec des pantalons couleur patate douce ». Mais non, voyons, le gars d’à côté, il est peut-être vraiment complexé de sa calvitie naissante et le premier, il manque peut-être d’argent pour remplacer ses pantalons patate douce. C’est sans issue. Je vais me coucher.

1 commentaire:

  1. L'avantage avec le gars petit, gros, sale, puant, chaume, pas à la mode c'est que s'il est riche, tout est oublié! Quoi qu'on dise, rien n'est plus vrai!

    Grand-Langue

    RépondreSupprimer